De Camariñas à Vilagarcia de Arosa

Où en était-on restés? A Camariñas, je crois. On devait être le 18. Une semaine a passé. De flemmasserie, plutôt. A l'intention de ceux que le vent intéresse, disons tout de suite qu'il a été constamment de N, NW, NE, plutôt frais et quelquefois fort, et n'en parlons plus. Pareil pour le ciel: grand bleu presque toujours, quelques nuages de temps en temps faisant de la figuration. Le 19, nous mouillons dans ensenada del Sardineiro, la baie du Sardinier, près d'un petit village dont le nom m'échappe. Ce jour-là, quelques grains (cf chapitre précédent) traînent encore dans le paysage, ce qui nous vaut (il faut voir le bon côté des choses) un des plus beaux arcos iris (arcs-en-ciel) jamais vu. Un jeune chasseur sous-marin, tout de caoutchouc noir vêtu, aborde Cyrano, et insiste pour nous laisser le produit de sa chasse, arguant qu'il n'aime pas le poisson... Trois vieilles et deux poissons de marque inconnue, que Jean grillera le lendemain au barbecue sur la plage arrière: les vieilles, passable; les inconnus, excellent. Le jeune homme à l'arbalète était mécanicien sur un bateau de pêche qui travaille (je crois que ça s'appelle "en boeuf") en remorquant avec un autre bateau un filet dont la gueule fait 200m de large sur 60m de haut...Ne nous étonnons pas du dépeuplement des mers. Bon, le lendemain, 20, on file sous spi, par NW5, à 8-9 noeuds, vers Muros et sa ria. Dîner fastueux, churrascos, pétoncles, gambas (j'ai l'impression de me répéter). On est contrôlés nuitamment par des douaniers sympathiques et néanmoins un peu emmerdants, comme leur métier les y autorise. Le 21, cap sur Portosin. Balade en bus à Noïa, au fond de la ria (très peu d'eau), ville historique mais plutôt décevante à mon avis (O.). Enfin, on y achète quand même un fameux jambon (pour le prix peu croyable de 24 euros), pendu à présent (et déjà largement entamé) dans le "local technique" de Cyrano.Les femmes du bureau du port sont extrêmement aimables et gaies (c'est comme pour le ciel et le vent, il est presque inutile de signaler à chaque fois à quel point les gens sont agréables et simples; faisons un peu d'esprit anti-français: ça nous change de chez nous). Le 22, avec toujours du N fort, nous chassons dans l'ensenada de Xan Julian (île d'Arosa) en labourant une quantité énorme de vase et d'algues. On s'amarre finalement au milieu des bateaux de pêche, sur une vieille tonne dont la rouille et l'absence de bout laissent présager qu'elle n'est plus utilisée. Et on passe ainsi une nuit parfaite. Le 23, sardines grillées sur le barbecue de poupe, au fond d'ensenada de Barrana. Bain pour montrer qu'on n'est pas un dégonflé (O., les deux autres se contentant d'observer), mais l'eau est sombre et la plage sale. Le soir, retour à Xan Julian et dîner à terre, au Campiño (bacalau a la brasa, vin blanc du pays dont le nom m'échappe). Le 24, mouillage parfait, protégé du NE, eau calme et claire, plage de sable blanc, à playa de Carregas. Re-bain, bien glacé mais agréable, cette fois.Dîner plantureux (cochon ibérique, Rioja...) au Club Nautico de Vilagracia de Arosa (re-amabilité de la jeune serveuse, etc.). Billy, qui devait rejoindre le bord dans quelques jours à Bayona, annonce quy'il ne pourra pas venir. Décision est prise de shunter Bayona, d'avitailler à Vilagarcia et de filer vers les Açores à partir de ce port, dimanche matin (demain). On est amarrés sous une fête foraine, ça rappelle Paimpol, mais la ville, sans charme apparent, en a en fait beaucoup. C'est une vraie ville, avec même un bazar oiriental où on trouve de tout (de la laine rouge pour faire des pennons, par exemple) et un bar rock (Perro Calavera) attendu avec impatience par l'ensemble de l'équipage. Viva España!

Comments

[Catcou]

Quel sympathique cabotage culinaire! Merci++++ de nous faire partager vos aventures d'étonnants voyageurs....La photo de votre sortie de bar rock????